Nouvelle pratique féminine de l'agriculture
ÉVOLUTION DES STATUTS
C'est la création de l'EARL en 1985 qui a été déterminante car contrairement aux GAEC cette forme juridique autorisait les époux à être les deux seuls associés.
Le statut de conjoint collaborateur, institué par la loi d'orientation de 1999 a permis une reconnaissance professionnelle du travail des femmes et une amélioration de leur protection sociale.
Depuis 2006, le conjoint participant régulièrement aux travaux a l'obligation de choisir un statut agricole.
En Aquitaine, cela concerne 8 800 femmes sur les 32 5001 qui exercent une activité sur les exploitations agricoles (RGA 2010).
1970 | 2010 | |
Chefs et co-exploitants | 8 % | 27 % |
Conjoints actifs non co-exploitants | 99 % | 62 % |
Autres actifs familiaux | 39 % | 29 % |
Salariés permanents | 10 % | 26 % |
PORTRAIT DES FEMMES EN 2010
Parmi les femmes qui sont à la tête d'exploitations, beaucoup succèdent à leur mari au moment de son départ à la retraite. Cela explique que 60 % des femmes chefs d'exploitation et co-exploitantes aient plus de 50 ans.
En 2012, une étude du ministère de l'agriculture a montré que les exploitations dirigées exclusivement par des femmes de moins de 40 ans sont plus souvent de petites exploitations. En Aquitaine, les femmes dirigent des structures de 21 hectares en moyenne contre 36 ha pour celles dirigées par les hommes.
En France, les orientations technico-économiques dans laquelle les taux de féminisation sont les plus élevés sont : les ovins-caprins (30 %), le maraîchage et l’horticulture (24 %), la viticulture (23 %) et l'élevage hors-sol (20 %).
LA PORTE D'ENTRÉE
La grande majorité des agricultrices accède encore au métier par le mariage : parmi les femmes installées en 2006 ou 2007, 82 % étaient des conjointes du précédent chef de l'exploitation et 13 % en étaient les parentes. Cependant les agricultrices s'installent également de plus en plus suite à un projet professionnel personnel.
Près des trois-quarts des jeunes épouses ne travaillent pas sur l'exploitation de leur mari agriculteur. Les conjointes travaillent plus souvent sur des exploitations plus polyvalentes (polyculture-élevage).
Elles s'installent sur des surfaces plus petites 36 ha en moyenne contre 62 ha pour les hommes.
DES PRATIQUES DIFFÉRENTES ?
On peut se demander si la façon de pratiquer l'activité et les choix réalisés par les femmes sont différents ?
L'étude du ministère compare donc les exploitations dirigées exclusivement par des hommes (seul ou plusieurs) avec celles dirigées exclusivement par des femmes (seule ou plusieurs).
Les exploitations « féminines » ont plus souvent recours à la vente en circuits courts (20 %) que les exploitations qualifiées de « masculines » (15,8 %). De même, les exploitations « féminines » pratiquent davantage la diversification et féminines proposent deux fois plus souvent un hébergement touristique que les exploitations masculines.
De leur propre initiative, de nombreuses agricultrices se sont créé une activité indépendante, pour avoir quelque chose en propre sur l'exploitation.
CONCLUSION
Le sociologue Roger LE GUEN considèrent que les femmes ont leur propre conception du métier, conception qui pourrait « contaminer » les hommes agriculteurs tant elle semble en phase avec les nouvelles attentes adressées à l'agriculture.
De plus, améliorer l’accès des femmes à l’installation en agriculture permettrait de pérenniser des emplois d'actifs agricoles et d'apporter un certain renouveau dans le secteur.
Si le développement de structures coopératives ou collectives qui permettent des rythmes de travail choisis peut faciliter l'entrée des femmes, la réforme de la Pac en instaurant une aide à l'hectare, pénalisera plus les agricultrices.
Sources :
- Les femmes dans le monde agricole (Synthèse du ministère de l'agriculture, 2012)
- Agricultrices d'Aquitaine (Agreste Aquitaine, Analyses et résultats n°13, 2012)