Conférence de presse : stop à l'abattage d'animaux sains
Le lundi 21 décembre 2020, l’actualité de l’épisode d’influenza aviaire a basculé pour prendre une tournure hautement préoccupante. Une fois de plus, le Modef constate qu’il est tenu écarté des réunions de concertation en amont des décisions de gestion de la crise. Une fois de plus, pour se faire entendre, le Modef organise dans l’urgence, une conférence de presse et une manifestation avec la Confédération paysanne. Le Modef ne se résignera pas. Pas question de laisser le Cifog organiser des abattages massifs d’animaux sains, sacrifier la Chalosse et continuer à défendre les intérêts d’une seule partie de la filière.
LE FEU AUX POUDRES
Lundi 21 décembre, réunion téléphonique présidée par la Préfecture où Christophe MESPLÈDE comprend très vite que, autour de « la table », le Modef est le seul à découvrir la proposition d’un abattage préventif de tous les animaux élevés à l’extérieur dans un rayon de 1 à 3 km (L’avis de l’Anses est attendu pour fixer la distance qui sera retenue).
Il ne reste que quelques heures avant que la décision ne soit prise.
Le mardi 22 décembre, le Modef envoie un courrier à la DGAL dans lequel il explicite ses positions : Non aux abattages d’animaux sains, pas de stigmatisation des élevages en plein air et pour les producteurs dont les élevages sont affectés, prévoir des indemnisations à la hauteur des pertes avec un système d’avance mensuelle afin d’avoir de quoi vivre.
L’ARRÊTÉ D’ABATTAGE PRÉVENTIF
Le mercredi 23, le MODEF reçoit le projet d’arrêté ministériel qui encadre l’abattage préventif et qui sera soumis pour avis au CNOPSAV1 « santé animale » (conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale) lors d’une réunion le jour même à 18 h.
Le projet d’arrêté liste les 11 communes dans lesquelles volailles et palmipèdes seraient abattus préventivement pour maîtriser la progression de l’épizootie autour des deux foyers détectés en Chalosse (Sort et Bergouey).
Des remontées de terrain font état que des abattages préventifs ont commencé, prenant de court des producteurs qui revivent là des expériences particulièrement douloureuses : voir tuer ses animaux, un coup d’arrêt brutal à la vie de l’exploitation...
CONFÉRENCE DE PRESSE
Toujours dans l’urgence, une conférence de presse est convoquée le jeudi 24 décembre à 11 h à Castelnau-Chalosse. Le lieu de Castelnau-Chalosse est choisi en référence à un rassemblement unitaire des producteurs agricoles, élus et citoyens organisé le 5 octobre 2017 pour dire l’importance de la filière dans les territoires landais et la nécessité d’indemnisations pour passer le cap de la 2e crise sanitaire IAHP.
À cette conférence de presse, sans occulter les souffrances humaines auxquelles renvoient ces décisions d’abattage préventif, les représentants du Modef réaffirment leur position : des analyses doivent être réalisées autour des foyers (comme prévu par les textes réglementaires en zone de protection, soit dans un rayon de 3 km) et seuls les animaux affectés par le virus doivent être éliminés.
Les moyens doivent être prioritairement consacrés aux analyses et à la gestion des foyers.
Patrick ALIROT, Serge MORA, Franck LAPEYRE et Marielle SÉQUÉ (qui accueillent tous deux la conférence de presse dans la ferme-auberge fermée pour cause de crise Covid-19) témoignent devant la presse locale des conséquences concrètes que cette décision entraîne : élevages vidés des animaux et le temps de réintroduire des canetons, de les élever et de les engraisser, aucune production commercialisable avant juin ! « Même si la ferme-auberge était autorisée à reprendre son activité au printemps, nos stocks étant à zéro, nous n’aurons rien à mettre dans les assiettes ! », témoignent Franck et Marielle.
COLÈRE ET SCEPTICISME
Didier GAUGEACQ, invité à la conférence de presse en tant que président de la Communauté des communes Terre de Chalosse, décrit lui aussi les incidences d’une telle gestion de la crise sanitaire pour l’économie locale (paysans mais aussi salariés de la filière et, indirectement, les artisans et commerçants du territoire) et les dégâts psychologiques.
Christophe MESPLÈDE et Serge MORA dénoncent avec amertume qu’aucun espace de discussions ne soit autorisé. « Les acteurs de terrain et les représentants des producteurs n’ont pas leur mot à dire. On fait appel à nous pour éviter des drames sur le terrain. Le rôle de notre syndicat ne saurait se résumer à celui de l’accompagnement humain et social », déclarent-ils.
Le Modef est intervenu pour qu’il n’y ait pas d’abattage le 25 décembre : cela serait encore plus pénible à vivre ce jour-là.
Dès ce moment-là, l’expérience de l’incapacité à contenir la diffusion du virus par des abattages préventifs remonte dans les esprits. Le souvenir des zones « dépeuplées » (selon le terme consacré) qui gagnent progressivement du terrain est encore bien présent.
SE FAIRE ENTENDRE
D’évidence, les leçons des crises précédentes ne sont pas tirés. Le syndicalisme majoritaire, la chambre d’agriculture et le Cifog continuent de désigner les élevages plein air comme étant plus risqués alors que les élevages en claustration sont également atteints.
Pour faire entendre notre désaccord sur la méthode de gestion de la crise sanitaire, il faut aller très vite.
ELB, la confédération paysanne du Gers et du Béarn sont prêts à manifester avec le MODEF.
D’où l’appel commun à une manifestation le samedi 26 décembre à 10 h, devant la Préfecture avec demande d’audience aux représentants de l’État (Préfecture et DCSPP) et aux élus (Département, député et sénateurs de gauche).