Influenza aviaire : le scénario du pire continue
Le mépris à tous les étages
La Confédération paysanne et le Modef dénoncent les méthodes du Ministère pour la rédaction de ces fiches. Alors que des réunions hebdomadaires se déroulaient entre les services de l’État et les interprofessions, nos syndicats n’ont eu droit qu’à deux réunions en direct avec le Cabinet du Ministre. À aucun moment, nous n’avons été associés à la conception de ces fiches. Écartés de ce processus, nous avons toutefois soumis au Ministère une 8ème fiche, pour que le plein-air soit pris en compte, elle n'a même pas été examinée !
Le compte n’y est pas
Nous ne validons d’ailleurs pas ces fiches en l’état. Conçues par les opérateurs des filières longues, elles répondent aux intérêts économiques de ces filières et passent complètement à côté de l’enjeu sanitaire que nous impose le virus en passe de devenir endémique. Un cas dans la Manche dans un élevage de 7 000 volailles a d’ailleurs été rapporté hier soir. La claustration va rester la norme alors qu’elle est n’a pas empêché les quelque 1400 foyers et 20 millions d’animaux abattus.
Cette année encore, l’État se défausse de sa responsabilité dans le domaine sanitaire. La stratégie de l’État dictée par les interprofessions précipite les filières avicoles dans une prochaine crise dont l’ampleur restera hors de contrôle.
Le choix est clair : la disparition des élevages plein-air
La Confédération paysanne et le Modef ont apporté leur contribution pour permettre aux élevages plein-air d’exister aux côtés des modèles industriels. Nous demandions que les analyses de risque soient adaptées à chaque élevage et permettent ainsi des adaptations aux règles de biosécurité. Nous demandions l’introduction de mises à l’abri alternatives aux bâtiments pour respecter les conditions de l’élevage plein-air. Nous demandions l’évaluation de la résistance génétiques de certaines races rustiques aux virus IAHP.
Nos propositions sont balayées d’un revers de main. Par une pirouette inacceptable supplémentaire, les alternatives au « tout bâtiment » sont renvoyées à une saisine de l’Anses dont les résultats seront trop tardifs, alors que la décision relèverait tout simplement d’une volonté politique du Ministère.
Le politique doit reprendre le pouvoir
Le risque de zoonose (transmission de la maladie à l’humain) est grand et il est clairement identifié au plus haut sommet de l’État. Pourtant, rien n’est fait pour l’éviter et la responsabilité de l’État, des interprofessions et des opérateurs professionnels est engagée !
Dans ces conditions, nous nous désolidarisons définitivement de la « Feuille de route Influenza aviaire 2021 » que nous avions signée avec beaucoup de réserves l’été dernier.
Et nous demandons à M. Fesneau, Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, de nous recevoir dans les plus brefs délais.
Nous ne nous résignons pas à voir nos collègues éleveurs méprisés de la sorte.
Nous ne nous résignons pas à voir nos territoires ruraux vidés de leurs élevages traditionnels qui ont fait l’histoire et la renommée de nos filières.
Nous ne nous résignons pas à briser la confiance des citoyens consommateurs avec du faux plein-air.
Le Ministre doit prendre ses responsabilités.