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L’industrie agricole a créé un nid douillet pour les pathogènes

Dans son ouvrage "Pandémie, une production industrielle", l’autrice et journaliste Lucile Leclair propose de s’intéresser à l’industrialisation des élevages, qui serait, selon elle, l’une des causes de l’accroissement des épidémies. Nous vous invitons vivement à lire l’interview publiée par le Monde.fr.
L'industrialisation a créé un nid douillet pour les pathogènes

Grippe aviaire : « L’industrie agricole a créé un nid douillet pour les pathogènes »

Depuis début décembre, plus de 380 000 canards ont été abattus préventivement pour tenter de circonscrire l’épizootie de H5N8. La journaliste Lucile Leclair voit en l’industrialisation des élevages l’une des causes majeures du virus.

Propos recueillis par Louisa Benchabane

L’épidémie de grippe aviaire prend de l’ampleur partout en Europe et dans le monde, et notamment en France, où les foyers se multiplient depuis début décembre. Pour enrayer la propagation de l’épizootie, les abattages préventifs de volatiles malades, autour de foyers confirmés, ont été élargis mardi 12 janvier et concernent, désormais, cinq départements : le Gers, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et le Lot-et-Garonne.

Selon le dernier bilan du ministère de l’agriculture, daté de lundi 11 janvier 2021, on dénombre 197 foyers d’influenza aviaire H5N8, dont :

  • 170 foyers d’infection dans les Landes ;
  • 7 dans les Pyrénées-Atlantiques ;
  • 6 dans le Gers ;
  • 2 dans les Hautes-Pyrénées ;
  • 11 communes concernées dans le Lot-et-Garonne.

Au total, près de 380 000 canards ont été abattus en France, de quoi nourrir la colère des exploitants.

Dans son ouvrage Pandémie, une production industrielle, l’autrice et journaliste Lucile Leclair propose de s’intéresser à l’industrialisation des élevages, qui serait, selon elle, l’une des causes de l’accroissement des épidémies.

L.B : Comment expliquer la propagation rapide de l’épizootie de grippe aviaire ?

Lucile Leclair : Il n’y a jamais qu’une seule cause. Parmi celles que l’on peut identifier, il y a d’abord la question de la contamination par la faune sauvage. Les animaux sauvages jouent un rôle majeur dans la diffusion des bactéries responsables des épizooties. Pour l’Organisation mondiale de la santé animale [OIE, autrefois Office international des épizooties], la faune sauvage est le premier facteur de maladies infectieuses dans le monde.

Ensuite, on peut évoquer le sujet du transport des volatiles. Les enquêtes épidémiologiques montrent que le déplacement des canards contaminés au virus H5N8 favorise la diffusion de l’épidémie. Par exemple, le gouvernement a récemment fait le lien entre les contaminations successives de deux élevages (en Corse et sur le continent) qui auraient eu recours au même transporteur.

Enfin, il y a la question majeure de l’industrialisation des élevages. L’industrie agricole a créé un nid douillet pour les pathogènes. Dans ce type d’exploitation, les volatiles sont confinés et la densité est telle que l’espace d’un animal se réduit à l’équivalent de la taille d’une feuille A4. Le bon sens de respecter la distance physique pour les humains dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 doit aussi s’appliquer lorsqu’il s’agit d’animaux.

De plus, la standardisation des espèces, au sein des exploitations, favorise la transmission. Au sein d’un élevage monorace, où les individus partagent un même code génétique, le virus aura plus de facilités à se répandre.

L.B : Quelles mesures ont été prises par les autorités face à la multiplication du nombre d’épizooties ces dernières années ?

Lucile Leclair : Face au constat de l’accélération du nombre d’épizooties dans le monde, à partir de l’année 2000, l’Organisation mondiale de la santé animale a encouragé les gouvernements à mettre en place des normes de biosécurité. Ces dernières visent à multiplier les mesures pour éviter que la grippe n’atteigne les élevages. En France, depuis le 1er juillet 2016, chaque détenteur de volailles ou d’autres oiseaux captifs doit mettre en place un plan de biosécurité pour l’ensemble de son exploitation.

Il est ainsi recommandé aux éleveurs de confiner leurs animaux dans des lieux clos pour limiter leur contact avec la biodiversité, d’installer des sas de décontamination pour le personnel, ou encore d’introduire des antibiotiques dans l’alimentation des animaux. Le raisonnement s’appuie sur l’idée que la faune sauvage serait la cause majeure de la contamination. Mais l’incriminer elle seule ne donne qu’une explication partielle de la réalité. En s’appuyant sur ce principe, le gouvernement perpétue une stratégie déficiente.

En outre, le répertoire de mesures exigées conduit à l’industrialisation des élevages. Il crée aussi un effet boule de neige.

Quelles sont les solutions qui existent aujourd’hui pour endiguer la propagation du virus ?

Lucile Leclair : Pour le moment, le dépeuplement [l’abattage] reste la solution la plus efficace. Mais, plutôt que de devoir éteindre des incendies, comme c’est le cas à chaque épizootie, les autorités devraient réfléchir aux solutions qui pourraient être mises en place en amont et écouter la voix des éleveurs. Les paysans tentent de trouver des solutions en s’organisant contre les normes imposées et, selon eux, délétères, proposant de nouvelles façons d’élever les bêtes. De cette manière, ils interrogent les habitudes alimentaires des consommateurs.

Car la politique d’abattage systématique cause parfois plus de dégâts : elle empêche les animaux de développer une résistance à la maladie. On remplace des animaux par d’autres animaux fragiles. Sur le long terme, la pratique accroît la vulnérabilité des exploitations.

Publié dans la rubrique Planète du Monde le 13/01/2021

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