Féverole et semis direct
SANS LABOUR DEPUIS 20 ANS
François COUTANT est installé sur 120 ha avec sa femme à Ricourt dans le Gers. En plus de ses cultures, il produit des canards PAG, des poulets label et garde un petit atelier d’ovins. Il possède également une fabrique d’aliment à la ferme qui produit 1500 t d’aliment par an.
L’intégralité de son matériel est en cuma. Il y a 20 ans, constatant des baisses de rendements sur les mauvaises parcelles et des problèmes d’érosion, la Cuma a arrêté le travail de labour et s’est orientée vers le semis direct. Sur certaines parcelles, une rotation maïs/soja/blé sur 3 ans a été mise en place.
LES BALBUTIEMENTS
Lorsqu’il a débuté en semis direct, aucune référence n’existait et François COUTANT a dû tester plusieurs modalités. « Le souci les premières années, c’est de bien mettre en place le maïs, et surtout bien refermer le sillon. Même aujourd’hui ce n’est pas encore évident ». Avec ses frères, ils ont dû modifier leur semoir à plusieurs reprises.
Il explique que 10 années se sont écoulées avant qu’il ne commence à maîtriser la technique couverts végétaux et semis direct, et à comprendre leur complémentarité. A titre d’exemple, il raconte qu’il a fait l’acquisition de parcelles de maïs sur boulbènes, qu’il a essayé de semer en direct, mais les résultats n’ont pas été probants. Puis il est revenu au labour, a semé en blé, puis a implanté un couvert végétal et a de nouveau semé en direct, pour cette fois avoir des résultats concluants.
LA FÉVEROLE
Après avoir testé plusieurs couverts végétaux, c’est la féverole, achetée 300 €/t, qui a fait mouche sur ses sols à 38% d’argile. L’agriculteur la sème en direct avec un peu de phacélie à environ 100 kg/ha, juste après la récolte de maïs. Il ne signale pas de problèmes particuliers de vers gris ou de limaces. Puis il sème le maïs directement dans le couvert de féveroles, qu’il détruit mécaniquement à la suite en le roulant. Attention si le couvert ne dépasse pas 20 cm, il préconise de le broyer pour qu’il ne concurrence pas la culture suivante.
François n’utilise plus ni acide phosphorique, ni potasse, et même plus de chaulage sur certaines parcelles. Seul de l’ammonitrate est apporté par un localisateur au pied du maïs. En vingt ans, dont 10 années d’essais, leur système a permis de passer de 2 à 3 points de matière organique. En termes de structure du sol, le profil cultural révèle des performances remarquables et sur le plan économique, l’agriculteur estime entre 3 et 500 € de diminution de charges à l’hectare.
VERS PLUS DE TECHNICITÉ
François COUTANT déplore le retard pris par les instituts de recherche et les organismes agricoles dans les essais et l’accompagnement sur ces thématiques. A cela s’ajoute un matériel agricole pas toujours performant qui ralentit la progression. Pour semer le blé en direct par exemple, il sème à la volée et passe derrière avec un déchaumeur à disques, pour placer la graine à 5 cm sous le sol. C’est aujourd’hui le plus efficace. Avec ce système, il sème 50 ha/j.
Les prochains chantiers de la Cuma : sécuriser la levée du maïs en améliorant encore le semis direct et essayer de resserrer les sillons.