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Accueil MODEF / Fête du Modef / Les débats de la fête / Débat 2018 (1/2) : Remettre de l'humain !

Débat 2018 (1/2) : Remettre de l'humain !

Le 18 août 2018, plus d'une centaine de personnes ont participé au débat public autour de la question « Pour relever les défis agricole et alimentaire, faut-il soutenir les fermes ou les firmes ? ». Un débat dense et interactif, animé par Serge MORA (président du Modef des Landes) avec comme intervenants Josian PALACH (confédération paysanne) et Christophe MESPLÈDE. Les trois agriculteurs et responsables syndicaux ont tous plaidé pour une réorientation de l'agriculture de sorte à favoriser les petites et moyennes fermes, jugées les plus efficaces sur le plan économique, social et environnemental. « Ferme », une terminologie employée tout au long du débat, après que Josian PALACH ait indiqué que le terme d'exploitation agricole ne convenait pas pour caractériser la structuration de l'agriculture appelée de ses vœux.
Débat 2018 (1/2) : Remettre de l'humain !

De g à d : Josian Palach (Conf' paysanne), Serge Mora et Christophe Mesplède (Modef des Landes)

UNE PRODUCTION TRÈS CONCENTRÉE

Pour lancer la discussion, Serge MORA a décrit à grands traits le contexte à de l'agriculture à l'échelle nationale.

Afficher le nombre de 450 000 exploitations masque une réalité : la concentration de la production.

Tout d'abord, une concentration géographique puisque 70 % des effectifs de porcs et 55 % des poulets standard sont élevés dans deux régions : Bretagne et Pays de la Loire. De même, la Bretagne, les Pays de la Loire et la Normandie détiennent 51 % des vaches laitières.

En 2013, à elles-seules, 4 000 fermes produisent environ 60 % des volumes du hors sol.

2 466 exploitations agricoles produisent 67 % des poulets de chair, 376 exploitations détiennent 73 % des poules pondeuses (souvent en cage) et 2 000 exploitations produisent 55 % des porcs français.

DES EXTERNALITÉS NÉGATIVES

Cette concentration de la production au sein de quelques centaines de structures agricoles engendre des externalités négatives :

  • La pollution des eaux (avec, par exemple, les algues vertes qui reviennent régulièrement sur le devant de l'actualité),
  • La concurrence sur le foncier qui a des incidences jusque dans les pays de l'Amérique du Sud à travers l'importation de grandes quantités de soja1 notamment,
  • Des produits alimentaires de piètre qualité,
  • La souffrance animale et la souffrance physique et morale des travailleurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire.

« Nous pouvons nous glorifier d'exporter mais il n'y a franchement pas de quoi être fiers de son corollaire, à savoir le taux de suicide dans le milieu agricole », a relevé Serge MORA.

LE LEVIER DU SOUTIEN PUBLIC

Josian PALACH et Christophe MESPLÈDE ont tous les deux souligné le fait que les soutiens publics, 10 milliards d'euros injectés dans le financement de l'agriculture, sont un levier très important pour orienter l'agriculture.

Le levier a fait ses preuves puisque, au sortir de la 2e guerre mondiale, comme le leur demandait la Pac, les agriculteurs ont rapidement produit suffisamment de quantité pour nourrir les européens et pour exporter.

Il est donc essentiel d'assigner aux politiques publiques les bons objectifs.

Le cas de l'entreprise Doux illustre l'impasse dans laquelle conduit actuellement la persistance de cette politique. Doux est une grande entreprise en matière de nombre de salariés et d'agriculteurs qui travaillent pour elle. Elle a capté des millions d'euros d'aides européennes pour exporter des poulets standards. Marcel MAZOYER (agronome) avait expliqué (lors d'un précédent débat de notre fête) le désastre que provoquent ces poulets importés à bas prix sur la production locale qui, face à cette concurrence déloyale, ne parvient pas à décoller.

Or, aujourd'hui, l'échec de la stratégie Doux est patent : salariés et producteurs sont laissé sur le carreau (reprise suivie de licenciements massifs).

QUELLE AGRICULTURE EST EFFICACE ?

« J'ai toujours défendu l'agriculture familiale, non par pure idéologie mais bien parce que je suis convaincu que cette organisation de la production agricole est efficace du fait qu'elle favorise l'emploi », a commenté Christophe MESPLÈDE.

Cependant, les chiffres sont têtus et le rythme d'élimination des fermes reste élevé : -2,8 % par an.

Une étude conduite par Cogéré, il y a plus de 10 ans, avait mis en évidence en quoi les petites et moyennes entités agricoles étaient économiquement efficaces :

  • Elles maîtrisent mieux le risque économique et financier grâce à un niveau d'investissement raisonnable ;
  • Elles s'insèrent dans des marchés moins fluctuants et plus sécurisés : vente directe, marchés locaux... ;
  • Elles emploient plus de main d’œuvre, ce qui est bon pour les territoires ruraux ;
  • Elles sont plus facilement transmissibles.

Dans un contexte où 75 % des fermes landaises exploitent moins de 50 hectares, celles-ci ont dû s'adapter pour survivre. « Les décideurs en matière de développement agricole ne devraient pas occulter cette réalité départementale. La chambre d'agriculture aurait dû mener des politiques de développement adaptées pour accompagner ces fermes vers l'avenir », a interpellé l'élu Modef de la chambre d'agriculture qui rappelle au passage que le Modef a été acteur dans la création de filières de qualité.

LES PESTICIDES FONT PARTIE DU DÉBAT

Josian PALACH partage complètement l'analyse que les petites fermes sont efficaces.

Beaucoup de choses ayant déjà été dites, il a souhaité élargir le débat . « À mon avis, la question des pesticides et des OGM fait pleinement partie du débat. La Fnsea a comme objectif de produire pour nourrir la planète. Dans cette visée, les pesticides furent un excellent outil pour industrialiser l'agriculture. Les pesticides et engrais, issus de recherches réalisées dans l'armée, ont trouvé de nouveaux débouchés salutaires dans l'agrochimie.

Il a également informé que, récemment, la Cour de justice de l'Union européenne a reconnu que les plantes issues de la mutagenèse sont à considérer -et donc à traiter sur le plan réglementaire- comme des plantes génétiquement modifiées (OGM).

REMETTRE DE L'HUMAIN

« Si, suite à l'affaire Monsanto, on décide de produire sans pesticides, il va falloir remettre de l'humain au cœur des processus d'organisation de l'agriculture », a insisté Josian PALACH. « Il faudra repartir sur des bases complètement nouvelles. Démanteler les grandes fermes pour reconstruire des entités à une échelle plus humaine. C'est peut-être un rêve, une utopie mais je suis persuadé que c'est la voie de l'avenir », a poursuivi le représentant de la Confédération paysanne.

Le débat qui a suivi a permis de revenir sur plusieurs thématiques.

1 – La course au foncier agricole s'exporte dans les pays d'Amérique du Sud car pour produire le soja exporté, les forêts sont détruites ce qui aggrave le problème du dérèglement climatique.

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