OBJECTIF SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE !
Depuis des années, le monde agricole est poussé à être toujours plus productif et même productiviste par des logiques libérales mortifères tant pour la terre que pour ses travailleuses et travailleurs.
Et depuis des années, les discours officiels prônent le renouvellement des générations par l’accompagnement des jeunes à l’installation, mais les politiques publiques mises en œuvre ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.
La première d’entre elle, à savoir la PAC, est même contreproductive sur ce point.
L’objet de ce journal spécial 2022 dédié à l’Installation et la Transmission est de démontrer qu’au-delà des discours bien rodés, il est possible de prendre le sujet à bras le corps.
Évidemment, des acteurs sont à la tâche depuis longtemps. Cela est indéniable. Leurs dispositifs sont d’ailleurs salutaires… nécessaires… mais pas suffisants. Il faut démultiplier les efforts.
À l’heure où la « souveraineté alimentaire » est dans toutes les bouches – comme un objectif qui nous aurait de nouveau percutés avec la guerre en Ukraine – l’installation de nouveaux paysans est un impératif. Mais il ne peut y avoir d’installation sans transmission. Le nombre de départs à la retraite dans les dix prochaines années doit nous alerter en même temps qu’il est une formidable opportunité de donner un nouveau visage au monde agricole !
Le Modef des Landes a lui aussi sa part de travail à faire. Il a déjà commencé et intensifiera ses actions dans les mois prochains. Entre l’identification et le recensement des futurs cédants, la sensibilisation aux intérêts de transmettre sa ferme et l’accompagnement des cédants, la tâche est immense. Elle doit aussi s’accompagner d’une véritable stratégie prospective pour repérer des porteurs de projet qui cherchent à s’installer dans notre département. Il s’agira ensuite d’orienter ces porteurs de projet vers les interlocuteurs idoines.
Ce sont des actions que notre syndicat ne pourra mener seul. Nous saurons nous appuyer sur et être soutien des initiatives déjà existantes. Tous les efforts, toutes les bonnes volontés doivent œuvrer ensemble pour relever le défi du renouvellement des générations, si l’on veut que la « souveraineté alimentaire » ne reste pas un vœu pieu en forme d’élément de langage usé, mais devienne une réalité pour la société demain.
Thomas Brédé
Président de la FDJA-Modef
L’ALPADPOUR RELEVER LES DÉFIS
On savait l’agriculture soumise à des fluctuations de toutes sortes : techniques, climatiques, économiques. Ainsi 2022 s’avère l’exact contraire de 2021 : des rendements catastrophiques, une hausse du prix des intrants stratosphérique que les prix de vente en hausse n’arrivent pas à compenser.
Depuis longtemps, l’Alpad a anticipé ces phénomènes en s’appuyant sur deux principes : favoriser l’autonomie des fermes d’élevage avec des cultures renforçant l’autonomie protéique (tournesol et colza avec la reprise des tourteaux de la CUMA Adour Protéoil et soja) et viser une meilleure valorisation des cultures au travers justement d’Adour Protéoil et maintenant de la Coopérative Haria Blanca destinées à valoriser les céréales en farines locales bio ou conventionnelles, ou avec des variétés anciennes.
L’année 2022 nous oblige à affronter trois nouveaux challenges : climatique, technique et économique. Le challenge climatique est le plus exigeant et nécessite de revoir entièrement nos schémas de pensée.
En effet, la culture du maïs relativement coûteuse à mettre en place pour des résultats parfois mauvais voire médiocres en conditions très séchantes ou très chaudes doit être
remplacée par des cultures d’hiver (blé, colza) ou des cultures plus résistantes (tournesol, sorgho). L’Alpad s’y est penchée depuis longtemps et, avec l’expérience acquise, la maîtrise de ces cultures s’affine chaque année un peu plus.
Sur le plan technique aussi, l’Alpad a mis en place un groupe Agriculture de Conservation des Sols (ACS) avec la culture de couverts végétaux qui, outre la capture de carbone (et cela devrait être rémunéré au travers de la PAC), permettent d’améliorer la structure des sols et de capter de l’azote grâce aux légumineuses. Et c’est là que le volet économique intervient, car avec les couverts végétaux, on peut économiser quelques dizaines d’unités d’azote sur la culture suivante et recycler les éléments du sol.
De même, la culture du soja peut permettre des économies substantielles d’azote et grâce à une maîtrise technique correcte, les résultats obtenus peuvent être intéressants. Même en 2022 avec par exemple 55 qtx/ha en culture irriguée ou 30 qtx en sec (sur des terres profondes bien sûr mais avec une trentaine de mm fin août en plusieurs fois).
Maintenant, nous devons essayer d’aller plus loin sur le volet économique avec le calcul des marges brutes en regardant, non pas les résultats par année, mais à l’échelle d’une rotation par type de sol, car il importe de viser un résultat moyen le plus régulier possible. L’important n’est pas de “faire des coups” quand l’opportunité se présente et de chuter après, mais bel et bien d’être résilient pour résister dans le temps.
Ces quelques lignes vous montrent ce qu’il est possible de faire quand des agriculteurs s’associent pour chercher des pistes nouvelles, améliorer leurs résultats techniques et
économiques. Les tours de plaine avec leurs observations et débats apportent beaucoup. Le groupe est ouvert, alors si vous voulez découvrir d’autres modes de pensée et d’agir, rejoignez-nous !
Et n’oubliez pas, il y a toujours plus d’idées dans deux têtes (ou plus) que dans une.
Julien Mora
Vice-Président de l’Alpad