TOUT LE MONDE IL EST BEAU, TOUT LE MONDE IL EST CONTENT.
Sur notre filière avicole de nombreuses questions restent en suspens. Lors d’une réunion en Préfecture cette semaine, les services nous indiquent que 80 % du volume de production en canetons ont été remis en place. Alors oui peut-être, sur les premiers lots, mais au vu du nombre de témoignages de producteurs n’ayant pas eu accès aux canetons, il y a de quoi s’interroger. Quid de l’indemnisation de cette non production? Alors là, sur cette question qui va devenir centrale et qui l’est déjà pour beaucoup d’éleveurs, pas de réponse. Premièrement, personne n’a osé poser cette question, et deuxièmement la chambre d’agriculture qui représente l’ensemble des producteurs donne toute sa confiance à l’interprofession pour négocier cette partie. J’exagère à peine sur ces propos.
En revanche, ne vous inquiétez pas, ils travaillent. Ils travaillent si bien, qu’une réunion sur l’activité partielle pour les employeurs de main d’œuvre est organisée en
collaboration avec les services de la Préfecture, les organismes sociaux, la chambre d’agriculture et la FDSEA. Donc le droit de réserve en période électorale, on l’oublie ! Et puis, la chambre d’agriculture n’est-elle pas censée représenter tous les agriculteurs? Encore une fois, la parole sainte sera diffusée, le discours rodé qui consistera à dire: « ne vous inquiétez pas vous allez être indemnisés et le Conseil départemental viendra à votre soutien ». Bizarre, il n’est même pas invité.
Cet exemple local est reproduit au niveau national, avec une réunion organisée sur Paris avec pour thème le mal-être en agriculture. La MSA, les chambres et le syndicat majoritaire organisent la rencontre. Depuis plus de trente ans, ils murmurent à l’oreille de tous les ministres de l’agriculture, pour quel résultat ? Le revenu des agriculteurs est en recul, les fermes disparaissent et le suicide dans notre profession est toujours l’un des plus élevé. Quelle faculté d’occultation des problèmes de fond !
La situation est plus qu’alarmante et le discours toujours dépourvu de profondeur et d’analyse. En attendant, nous, sur nos exploitations on cravache et on fait face. Le travail dans les champs est intense et nous mobilise fortement. Mais nous ne devons pas négliger les problématiques de reprise de production, d’inflation et tous les autres dysfonctionnements. L’autosatisfaction naïve et dangereuse de quelques-uns ne doit pas nous endormir. Nous devons être force de propositions et d’oppositions à ce système pourri qui mène nos exploitations dans le mur.
Mélanie Martin
Présidente du Modef