Les fléaux
L’agriculture a toujours été confrontée à toutes sortes de fléaux climatiques ou sanitaires. La capacité à résister à ces difficultés est un facteur essentiel de résilience des exploitations agricoles.
Malheureusement, au fil du temps les accidents se multiplient, alors que les capacités financières des exploitations ont plutôt tendance à se réduire.
L’épisode de gel de 2021 est le dernier exemple de ces évènements climatiques qui viennent compromettre les revenus agricoles. Il fait suite à la sécheresse de 2020, voire 2019 et 2018, dans certaines régions. Sans oublier les épisodes pluvieux, pour ne pas dire diluviens, de l’automne 2019, automne et hiver 2020/2021. Et aujourd’hui, en ce mois d’avril 2021, une sécheresse prolongée qui compromet la mise en culture des maïs, soja, tournesol et la récolte des foins qui s’annonce plutôt maigre.
A cela, il faut ajoute les dégâts de gibier ou d’espèces invasives qui détruisent les semis ou les cultures (du sanglier au ragondin en passant par le blaireau, corbeau, palombe …).
Reconnaissons que cela fait beaucoup, et le travail des agriculteurs sans cesse remis en cause par des évènements extérieurs, entraîne un certain découragement.
Alors, me direz-vous, que faire ?
La solution face aux évènements climatiques passe par l’assurance et semble évidente. Mais, si aussi peu de paysans sont assurés et si certains assurés cessent de l’être, c’est qu’il doit y avoir une raison.
La raison la plus plausible est le coût de l’assurance. En effet, un coût abordable a pour inconvénient un taux de franchise élevé ; si l’on ajoute à cela un rendement moyen sur 5 ans qui a tendance à baisser du fait des aléas climatiques, les indemnités sont de plus en plus faibles.
Et le choix d’une franchise plus basse entraîne un surcoût qui devient prohibitif.
On voit là un vrai dilemme pour les agriculteurs, et le ministre de l’Agriculture après les gelées catastrophiques des 7 et 8 avril a annoncé l’étude de la mise en place d’un système assurantiel plus général et plus intéressant. C’est un bon point de départ et il faut souhaiter que l’on aboutisse à une solution favorable pour les agriculteurs.
Concernant les dégâts des nuisibles sur cultures, il est souvent reproché aux chasseurs de ne pas faire suffisamment leur travail, voire d’agrainer les sangliers pour garnir le tableau de chasse !
Là, je m’élève totalement en faux ; car les chasseurs, soumis aujourd’hui à une campagne de dénigrement, font le maximum pour lutter contre tous les nuisibles.
Malheureusement, pour eux aussi les effectifs baissent, la moyenne d’âge (plus de 60 ans) augmente sans cesse, certains renoncent à chasser à cause du coût (permis de chasse, entretien et soin des chiens).
De plus, des réglementations et interdictions diverses viennent entraver ou interdire l’acte de chasse (COVID, grippe aviaire, classement d’espèces injustifié …) et la prolifération des nuisibles s’accentue.
Tous ces éléments viennent compliquer le travail des agriculteurs et il faut un sacré moral pour continuer le métier, d’autant que bien souvent, la récompense financière n’est pas au rendez-vous.
Souhaitons qu’un système assurantiel avantageux aboutisse ; qu’un dialogue fructueux s’instaure entre les chasseurs, agriculteurs, administrations, associations écologistes, pour apporter un peu de sérénité à un secteur qui n’en peut plus de ces épreuves répétées.
En attendant, bon courage à tous !
Serge MORA, président du Modef des Landes