Franck Marcadé, figure marquante du syndicalisme paysan

TOMBÉ DANS L’ENGAGEMENT
Comment est-il venu à s’engager au Modef ? En 2014, il nous raconta que, au sein du syndicat, il s’occupait davantage des problèmes sociaux. Le syndicat lui avait confié d’assurer des permanences pour aider les agriculteurs à démêler leurs dossiers, leurs relations avec les organismes agricoles ou les administrations.
« Je me suis occupé de très nombreuses situations, notamment des dossiers de demande de l’IVD (indemnité viagère de départ). Parfois, lorsque je rentrais à la maison, je trouvais la cuisine remplie d’une quinzaine de personnes qui m’attendait ! », témoignait Franck.
L’ÉMANCIPATION
Lors de ce même entretien, interrogé sur les combats importants pour lui, il répondit : « La loi sur le statut du fermage. Ce fut une grosse victoire ». À ses yeux, la lutte a permis de restaurer les métayers dans leur dignité. « Il y avait une profonde injustice dans les campagnes. Grâce au statut du fermage, le paysan n’était plus soumis aux possédants, il n’était plus obligé d’enlever le béret devant le propriétaire », avait-il poursuivi.
OPPOSÉ À L’ÉLIMINATION PAYSANNE
Au cours de son allocution, Albert SAFFORES est revenu sur l’épisode des lois d’orientation de 1962. « Tandis que la Fnsea accompagnait ce qu’on appelle pudiquement la mutation de l’agriculture, Franck n’admettait pas ce plan massif d’élimination des plus petites exploitations familiales.
Pour faire front, avec son compère Pierre LAGARDÈRE, Franck met sur pied une organisation de jeunes agriculteurs départementale, qu’il décline dans les différents cantons et villages.
HOMME DE TERRAIN
Franck MARCADÉ était un orateur, il avait le sens de la formule et le verbe haut.
Vincent LESPERON se souvient des interventions du leader syndical, en fin de congrès syndical : « Sa voix était écoutée, son allocution pleine de vigueur et elle avait le don de réveiller l’auditoire ».
« Franck mobilisait sur tous les sujets : manifestations, barrages sur les routes aux quatre coins du département, mais aussi des actions à Paris, Bruxelles ou à Maubourguet. Il nous engageait sur tous les fronts : les prix agricoles, la production de canards gras, la PAC…», a remémoré Albert, « Et quand il avait décidé quelque chose, rien ne l’arrêtait ! ».
LE MENEUR D’HOMMES
Le ministre de l’Agriculture Jacques DUHAMEL se déplaçait dans les Landes : Franck lui barrait la route sur le pont de Saint-Sever.
Jean GLAVANY refusait de recevoir le Modef au ministère, qu’à cela ne tienne, « nous partions à Maubourguet pour obliger le maire (également ministre de l’agriculture) à nous entendre », a continué Albert.
« Franck menait ses hommes en Capitaine Hardi. Sur une mer agitée, dans des remous tumultueux, il nous menait à l’abordage des côtes des puissants de ce monde. Il n’avait peur de rien », a décrit Albert.
LES RETRAITES AGRICOLES
Arrivé à l’âge de la retraite, Franck s’attelle à une tâche prioritaire : la revalorisation des retraites agricoles. À nouveau, il crée l’Adraf 40 et sillonne les Landes pour structurer des correspondants dans les cantons et les communes.
Si dans les couloirs de la MSA, on ne disait pas que du bien de Franck MARCADÉ, dans les chaumières, il représentait une grande espérance car il défendait pied à pied, jusque devant le tribunal, l’application des textes favorables aux retraités et aux veuves (pensions de réversion). Et il ne manquait pas de se réjouir du total des sommes qui ont été restituées aux veuves grâce à son action.