Modef et Confédération Paysanne expriment conjointement leur inquiétude dans un courrier du 31 octobre : « L’État a décidé précipitamment de mettre en place des mesures contraignantes à l’échelle des élevages : visites interdites, restrictions d’épandage, contrôles administratifs à répétition… Dans le même temps, le transport des animaux d’un bout à l’autre du pays continue pour la filière industrielle, contribuant à la dissémination de la maladie.
Par ailleurs, après avoir décidé unilatéralement de fermer les frontières à l’exportation, aujourd’hui la Ministre a décidé de les rouvrir, toujours de façon unilatérale.
Nous regrettons fortement le manque de concertation avec la profession et de stratégie pour sauver l’élevage français. Résultat : pris entre la peur de la sanction et la nécessité de faire tourner leurs élevages, les éleveurs ne savent plus sur quel levier agir sans mettre en danger leur troupeau.
Encore une fois, la politique sanitaire de l’État repose entièrement sur la responsabilisation des éleveurs, sans questionnement de la structuration des filières industrielles, sans prospective pour le maintien des élevages en France, sans distinction et donc sans adaptation aux types d’élevages. Or, l’éleveur n’est qu’un maillon parmi d’autres dans une filière qu’il ne maîtrise pas et qu’il subit, crise après crise. Et ces crises, liées au réchauffement climatique ainsi qu’à la mondialisation des échanges, se répèteront encore et encore.
Pourtant, sans éleveurs, il n’y a tout simplement plus de commerce, plus de filière, plus de souveraineté alimentaire.
Il est urgent que l’État, qui a la compétence sanitaire, adopte une démarche cohérente pour protéger le cheptel et stabiliser la situation sanitaire. Les Landes ne sont pas encore touchées par cette épizootie. Il y a lieu de conserver notre département indemne ainsi que les départements voisins et d’anticiper l’arrivée du virus.
Nous demandons donc :
- Le déclassement par l’UE de la dermatose nodulaire de la catégorie A, pour permettre une gestion plus souple et adaptée et stopper immédiatement les abattages totaux des troupeaux. Les abattages totaux font perdre une génétique et un savoir-faire français reconnu dans le monde entier et affaiblissent les races qui ont très peu d’effectif.
- Un grand plan de vaccination pour tout le cheptel français, pour protéger et stabiliser nos élevages, avec une prise en charge financière par l’État.
- Une information claire et régulière des éleveurs dans chaque département.
- Des réunions de coordination entre tous les acteurs : services de l’État, chambres d’agriculture, organisations syndicales et filières.
- Des mesures protectionnistes immédiates : si les frontières sont fermées à l’exportation, aucune viande bovine étrangère ne doit entrer sur le sol français.
L’élevage bovin ne doit pas subir le même sort que l’élevage avicole qui a vu disparaître de nombreuses fermes dans notre département à cause de l’influenza aviaire. Il en va de la survie de nos fermes, de notre souveraineté alimentaire, et de la cohérence des politiques publiques. »
Dans la foulée, le Mouvement Paysan des Landes a adressé un second courrier au président du Conseil départemental Xavier Fortinon pour lui faire part de ses inquiétudes et solliciter le soutien du Département dans la défense de ses positions.
