Irrigadour refuse d’appliquer le plan de répartition de l’Etat

Irrigadour refuse d’appliquer le plan de répartition de l’Etat

Irrigadour refuse d’appliquer le plan de répartition de l’Etat

L’organisme de gestion a officiellement refusé de mettre en oeuvre le plan de répartition à 188 Mm3 ordonné par l’arrêté interpréfectoral du 25 juillet. Le bras de fer se poursuit.

Est-ce la fin d’Irrigadour ? L’OUGC brandit lui-même la menace de sa propre dissolution dans un communiqué de presse publié le 31 juillet, moins d’une semaine après la publication de l’arrêté interpréfectoral encadrant les prélèvements d’eau à usage agricole sur le sous-bassin de l’Adour jusqu’en 2028.

Celui-ci était très attendu après les nombreuses péripéties des dernières années et la mobilisation inédite du monde agricole, sous l’impulsion d’Irrigadour et de son président Paul Carrère, à Barcelonne-du-Gers le 10 juillet. Une démonstration de force, pour réaffirmer le refus par la profession de la trajectoire baissière du Comité de Bassin : 188 Mm3 dès cette année et moins de 180 Mm3 en 2027 (voir tableau ci-dessous). A la place, Irrigadour proposait une AUP à 198 Mm3 pour cette année  et un moratoire sur les trois prochaines années.

Or l’arrêté interpréfectoral publié le 24 juillet rejette la proposition d’Irrigadour et maintient l’objectif de 179,93 Mm3 en 2027. « Malgré les alertes des acteurs économiques, politiques et professionnels, le Préfet de Bassin décide seul une baisse des autorisations d’irrigation sans tenir compte ni de la réalité hydrologique de l’Adour ni de l’impact sur les exploitations agricoles familiales de notre territoire », attaque Irrigadour dans son communiqué. L’OUGC rappelle sa demande d’un moratoire de trois années, dans l’attente des études complémentaires en cours et des actions coordonnées émanant des trois Projets de territoire pour la Gestion de l’Eau (PTGE). Cette demande, unanimement soutenue par les quatre Conseils Départementaux, les quatre Chambres d’Agriculture et de nombreuses collectivités locales, également accompagnée par les organismes économiques et professionnels agricoles du bassin de l’Adour, a fait l’objet d’une sollicitation auprès du Premier Ministre. Malgré son intervention, aucune inflexion notable n’est apparue dans l’arrêté inter-préfectoral.

« Malgré nos engagements exemplaires, collectifs depuis une dizaine d’année (changement de pratiques agricoles, diversification des cultures, gestion de l’eau plus efficiente, baisse consentie des autorisations de 15 Mm3 en cinq ans), malgré une participation massive à la consultation publique et de soutiens nombreux des collectivités locales du bassin à la proposition cohérente d’Irrigadour, notre demande a été définitivement éconduite, sans aucune forme de concertation, par des services de l’Etat intransigeants et déconnectés des réalités locales », dénonce encore l’OUGC.

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Conséquences dévastatrices

Entre autres choses, l’organisme de gestion collective n’a pas apprécié la « cuisine arithmétique », tel qu’il la désigne, du Préfet de Bassin. Dans son projet d’arrêté, celui-ci joue en effet sur la confusion entre les volumes plafonds autorisés et la réalité des volumes prélevés pour présenter des territoires à l’équilibre malgré la baisse, à l’exception du périmètre Audon-Saint-Vincent. Les calculs réalisés par Irrigadour montrent au contraire que cinq périmètres subiraient de graves déséquilibres (voir carte ci-contre). « Une vision tronquée de la réalité du territoire et inexacte de la gestion de la ressource en eau de notre bassin, accuse l’OUGC. Au-delà de la confusion faite sciemment, ou pas, dans la démonstration entre les volumes plafonds autorisés et la réalité des volumes prélevés, les services de l’Etat cherchent à minimiser l’impact d’un tel arrêté et l’incidence de la trajectoire baissière pluriannuelle associée. Là où, d’une main, et ce pour la première fois, le Préfet accepte partiellement la prise en compte des projets de territoire de gestion de l’eau (PTGE) mis en œuvre sur l’Adour, il reprend de l’autre des volumes sur les territoires en équilibre quantitatif, sans aucune cohérence. »

En l’Etat, l’arrêté pourrait avoir des conséquences dévastatrices, à commencer par l’iniquité de traitement entre irrigants avec des autorisations pouvant baisser jusqu’à 30 % en 2025 puis jusqu’à 70 % en 2027 sur certains périmètres, sans cohérence hydrologique sur les quatre départements.

Au-delà, Irrigadour redoute la « mort annoncée de toutes les actions collectives portées sur notre bassin par l’ensemble des acteurs concernés (PTGE, SAGE), outils prescrits par les services de l’Etat, qui ont pour objectif le retour à l’équilibre quantitatif et qualitatif ».

En conséquence, le comité syndical Irrigadour refuse de porter la construction d’un plan de répartition à 188 Mm3 et maintient son plan de répartition à 198 Mm3 pour les trois prochaines années, comme il l’avait proposé dans sa dernière demande d’AUP. Et pour appuyer sa position, il n’hésite pas à remettre en cause l’existence même de l’Organisme unique de gestion collective, qui oeuvre pour la gestion partagée et concertée de l’eau par les irrigants, les élus et les institutions du territoire : « Sans action coordonnée de l’usage de l’eau, notre modèle agro-économique, construit grâce à une mobilisation raisonnée de la ressource en eau depuis plus de 40 ans, sera voué à disparaître. Contrairement à ce qu’affirme l’Etat, les modalités et prescriptions de cet arrêté en accentuent la fragilité juridique. »

En plein été caniculaire, le dialogue semble définitivement rompu entre l’organisme de gestion et les services de l’Etat.

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