Un discours volontariste et porteur d’espoir, qui tranche avec le fatalisme de l’époque, voilà déjà une bonne raison d’assister à l’assemblée générale de l’Alpad, l’Association landaise pour la promotion d’une agriculture durable, qui oeuvre depuis maintenant vingt ans. Cette année, les maîtres mots furent transmission et transition.
Transmission, avec l’accent mis sur cette thématique essentielle, par l’embauche d’une personne dédiée et la création d’un collectif d’association, le TIAAP (Tous et toutes unIs pour une Agriculture et une Alimentation Paysanne) en début d’année 2025. La mise en place d’actions sur ce thème se fait progressivement, avec une formation « Transmettre sa ferme » qui suscite l’intérêt des cédants et des accompagnements individuels, assurés par Alice Grimaldi qui a pris la suite de Marion Deffez.
L’activité historique de l’Alpad, sur la diversification et la transition, s’est encore étoffée cette année avec l’accompagnement des filières territoriales comme Adour Protéoil dans le programme Néocoop (pour déterminer les axes stratégiques sur plusieurs années), la coopérative Haria Blanca dans l’inauguration de son moulin, la création de la coopérative Camb’Adour (et sa marque Chanvrement Landais) pour développer la culture du chanvre et enfin le GIEE DiverSeignanx pour trouver des cultures de diversification dans le Seignanx. Tout cela en partenariat avec la Fédécuma 640, le CPIE Seignanx-Adour et le CBE. L’Alpad s’est aussi engagée pour l’amélioration des pratiques sur les zones à enjeu eau potable en participant à diverses actions : promotion des Maecs, animation autour du changement de pratiques, essais de litière de miscanthus…
Tout part du sol
Dans le détail, l’Alpad assure l’animation de plusieurs groupes de travail : le groupe « Sol » milite pour l’agriculture de conservation et de régénération des sols afin de résoudre les gros problèmes d’érosion liés aux épisodes climatiques extrêmes et améliorer la fertilité. Son action se base sur trois principes : la limitation du travail du sol, la diversité culturale et la couverture maximale des sols. Cela passe par des tours de plaine, des mesures Merci, la mise en place d’une plateforme de couverts végétaux chez Frédéric Cuzacq à Carcen-Ponson en partenariat avec plusieurs semenciers, la participation aux rencontres de l’Agriculture biologique de conservation, la commande groupée de semences de couverts végétaux, des démonstrations de désherbage mécanique, des formations et des voyages d’étude...
Trouver des alternatives
Le groupe « diversification », quant à lui, reflète la volonté des adhérents de l’Alpad de trouver des alternatives crédibles sur les plans agronomique et économique au maïs, qui représente 60 % de la SAU landaise. Il accompagne quatre filières : blé, chanvre, tournesol-colza et haricot, sans oublier la prospection dans de nouvelles cultures. Un accompagnement spécifique pour la Cuma Adour Protéoil a été réalisé dans le cadre de Néocoop autour de la réflexion sur le label bas carbone et des actions sur la réduction des produits phytosanitaires et les intrants.
Le travail collaboratif entre l’Alpad, le CPIE et le CBE a abouti en 2023 à la création d’un GIEE « Diverseignanx pour accompagner la résilience alimentaire ». Il vise à accompagner les agriculteurs de cette zone dans de nouvelles cultures à vocation alimentaire. Un suivi personnalisé et groupé a été proposé autour du haricot-maïs, du haricot nain mécanisable et du quinoa, à la suite de réunions où les agriculteurs ont exprimé leurs attentes. Une dynamique a été initiée en proposant des visites de parcelles et en travaillant sur les débouchés possibles, en lien avec la restauration collective, représentée par le CBE.
Deux plateformes ont été implantées à l’automne 2024 pour accroître les références en grains auprès des paysans de la coopérative Haria Blanca. L’accompagnement à la culture du chanvre, initié en 2022, se poursuit en partenariat avec la Fédécuma 640. Loué pour ses nombreux avantages, le chanvre n’en demeure pas moins une culture complexe. En 2024, son développement a été très limité dû au manque de chaleur. Le contrôle des adventices n’a pas été satisfaisant, limitant la récolte des pailles. Trouver le bon itinéraire technique (variété, fertilisation, récolte...) nécessite encore plusieurs campagnes. D’autre part, la recherche de partenaires pour la transformation a pris du temps mais de nouvelles solutions sont apparues pour traiter la graine et la tige. Côté débouché, malgré le travail d’une commerciale indépendante, le marché reste limité et les consommateurs manquent à l’appel. Sept fermes, soit 15 hectares, sont engagées dans ce projet autour de la coopérative Camb’Adour qui développe une large gamme de produits : huile, farine protéinée, purée et tartinade, graine toastée, paillis...
Formation et financements
Sur ce thème de la diversification, l’Alpad a mené de nombreuses expérimentations et proposé différentes formations sur les cultures citées mais aussi sur l’épeautre, les variétés de blé, seigle, pois chiche, carthame, cameline, lin, miscanthus, switchgrass, tournesol, ou encore millet.
L’Alpad, reconnue comme organisme de formation et renouvelée dans la démarche Qualiopi en 2023, a dispensé 19 formations en 2024 pour 192 stagiaires, avec un taux de satisfaction de 85 %.
Par ailleurs, l’association s’est positionnée pour l’animation et la souscription des Maecs bien-être animal, carbone et grandes cultures, accessibles dans le département, ainsi que pour le conseil stratégique phytosanitaire dont la mise en place prévue en 2024 a été repoussée. Une veille est effectuée par l’animateur de l’Alpad sur tous les dispositifs pertinents comme la vente de crédits carbone, le paiement pour services environnementaux (PSE), le crédit impôt recherche...
Enfin, après 6 ans de bons et loyaux services, Eric Labaste a commencé à transmettre le flambeau lors de l’AG de juillet 2024. Une coprésidence avec Clément Cadilhon, paysan à Castandet et fortement impliqué dans de nombreux chantiers, s’est mise en place, avant qu’il ne reprenne seul les rênes de l’Alpad.
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