Le Mouvement Paysan veut voir plus loin

Le Mouvement Paysan veut voir plus loin

Le Mouvement Paysan veut voir plus loin

Modef et Confédération paysanne ont réaffirmé leur engagement commun à l’occasion d’une grande journée de rentrée le vendredi 24 octobre, sur la ferme de Sébastien Bayle à Souprosse. Un mot d’ordre : sortir de la logique d’urgence et de crise pour repenser le système à plus long terme.

Dix mois après les élections professionnelles, qui l’ont vu recueillir 25,53 % des voix au Collège 1, le Mouvement Paysan des Landes avait donné rendez-vous aux élus, représentants de l’Etat, de la Région et du Département, ainsi qu’à ses sympathisants, pour un après-midi d’échange autour de son programme.

Après une rapide visite de la ferme de Sébastien Bayle, où il fut déjà question des problématiques du dépérissement des kiwis et de l’accès à l’irrigation, tout le monde s’est retrouvé sous le hangar de l’EARL du Cap Blanc pour entrer dans le fond des dossiers.

Etaient présents le nouveau préfet des Landes Gilles Clavreul, les directions de la DDETSPP et DDTM ainsi que Dominique Degos pour le Département.

Mélanie Martin, tête de liste du Mouvement Paysan aux dernières élections, a d’abord fustigé des politiques publiques qui entretiennent, enveloppe après enveloppe, un système à bout de souffle, alors que l’évidence nous appelle à des transformations radicales et de nouvelles orientations stratégiques : une vision que seul le Mouvement Paysan des Landes porte localement.    

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Sur l’adaptation au changement climatique, la présidente du Modef des Landes a ainsi appellé à soutenir à long terme la transformation des pratiques et la relocalisation des productions, au-delà des mesures d’urgence comme les dégrèvements d’impôts ou le gel des cotisations sociales. Mélanie Martin, au passage, a dénoncé la réforme du système assurantiel qui, en remplaçant le dispositif de calamités agricoles par une assurance multirisques privée, fait grimper en flèche le coût de l’assurance tandis que les moyennes olympiques chutent à cause des aléas climatiques. Instauré en 2023, ce système apparaît déjà intenable pour l’immense majorité des professionnels et le Mouvement Paysan des Landes propose l’instauration d’un Fonds professionnel et solidaire, tel que la Confédération Paysanne le défend au niveau national.    
 

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Irrigation

Autre sujet essentiel abordé plein fer : l’irrigation. Sébastien bayle a dénoncé les coupes décidées arbitrairement en plein été et pour les trois prochaines années, au mépris des discussions préalables, mais aussi des assolements et des investissements réalisés par la profession. Le Mouvement Paysan, associé aux Confédérations Paysannes du Béarn et du Gers, a défendu la proposition à 198 Mm3 proposé par Irrigadour mais là encore, il demande surtout une réflexion et un soutien sur le long terme : plus de transparence et de concertation dans les décisions sur les usages de la ressource ; une juste répartition au plus près des besoins de chaque exploitation, comme Irrigadour s’y est enfin engagé ; la priorisation des cultures nourricières locales en cas de tension sur la ressource ; un accompagement technique et financier pour la transformation des pratiques. Les tensions sur la ressource en eau, qui ne feront que s’accroître au cours des prochaines années, doivent être l’occasion de redéfinir en profondeur notre modèle agricole !

Elevage

Raphaël Genèze, référent du Modef sur les questions d’élevage, a ensuite pris la parole pour évoquer la situation sanitaire des éleveurs bovins, ovins et caprins, confrontés au cocktail MHE, FCO et désormais DNC. Un point commun à toutes ces épidémies : l’élevage paysan est doublement victime. De la menace sanitaire le plus souvent générée ou amplifiée par des modes d’élevage industriels ; et de la réponse politique et administrative à cette menace, qui nie ses spécificités et entraîne son asphyxie règlementaire. Le Mouvement Paysan appelle donc à la relocalisation de l’élevage et des circuits de commercialisation, à la gestion concertée des politiques sanitaires, à la reconnaissance des pratiques paysannes de prévention qui ont fait leurs preuves, à l’adaptation des règles en fonction du niveau de risque et de la réalité de chaque élevage en cas de crise. Et donc à l’arrêt immédiat des abattages massifs !

Raphaël Genèze a également mis l’accent sur la situation des abattoirs de la région, après la fermeture de celui de Bazas qui impacte lourdement les éleveurs landais. Le Mouvement Paysan appelle au déploiement d’outils d’abattage proches des élevages, ce qui ne peut se faire qu’avec le soutien actif des pouvoirs publics.

Vaccination

Julien Mora a ensuite pris la parole pour alerter sur la baisse drastique du financement de la vaccination des canards contre l’influenza aviaire, alors que le niveau de risque a été relevé sur l’ensemble du territoire. Ce désengagement rend l’équation économique très complexe pour les élevages familiaux indépendants. Outre le retour à un financement total et la mise à contribution de la filière volaille qui profite indirectement de la vaccination des palmipèdes, le Mouvement Paysan réclame l’arrêt des mesures de claustration systématique en période à risque, révélatrice du manque de discernement des règlementations vis-à-vis des modes d’élevage.      

Enfin, le dernier thème abordé par Marcel Pruet et Emilie Deligny fut celui de la production d’énergie, qu’il s’agisse d’agrivoltaïsme ou de méthanisation. Si la Confédération Paysanne a déclaré s’opposer à tout projet d’agrivoltaïsme, le Modef des Landes réclame pour sa part un encadrement strict des projets et une planification à l’échelle régionale afin d’éviter les distorsions de concurrence entre agriculteurs, le dévoiement du statut du fermage, les projets « alibi » sans réalité agricole et la concentration des terres. Il réclame également un moratoire sur les projets de méthanisation.

La solution paysanne !

Pour conclure, Mélanie Martin a insisté sur une nécessaire réorientation de la Pac et du Plan Stratégique national en faveur des transitions écologiques et énergétiques, de la formation et de l’installation de nouveaux paysans, du soutien aux pratiques vertueuses et de la création de nouveaux débouchés locaux et durables. La présidente du Modef des Landes a également appelé les collectivités locales à soutenir les filières et à préserver le foncier pour maintenir une agriculture paysanne qui génère 70% de l’alimentation consommée dans le monde en utilisant seulement 30% des ressources (foncier, eau, machines, intrants…). C’est ce modèle qu’entend défendre et promouvoir le Mouvement Paysan des Landes sur notre territoire, pour sortir l’agriculture de la spirale infernale dans laquelle elle se débat depuis de trop nombreuses années.