Réseaux InPact & Civam : des alternatives agricoles au coeur des Landes

Réseaux InPact & Civam : des alternatives agricoles au coeur des Landes

Réseaux InPact & Civam : des alternatives agricoles au coeur des Landes

C’est au Lycée agricole de Oeyreluy que les Réseaux Civam et InPact Nouvelle-Aquitaine ont tenu leurs assemblées générales le jeudi 12 juin. L’occasion de remettre l’agriculture paysanne au cœur des débats.

S’ils ont l’habitude d’organiser leurs assemblées générales ensemble, c’est la première fois depuis leur création que les deux réseaux Civam et InPact prévoient un déroulé commun avec la présentation de leurs activités respectives à l’ensemble des participants. Cela a l’avantage de renforcer l’interconnaissance.

Le Réseau Civam Nouvelle-Aquitaine (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) compte 8 structures adhérentes dont l’Association landaise pour la promotion de l’agriculture durable (Alpad) dans les Landes, qui elles-mêmes regroupent 1 200 fermes. Au total en 2024, la diversité des actions menées par les Civam locaux a permis de toucher environ 6 500 fermes néo-aquitaines, d’accompagner 10 PAT et de rassembler 10 000 personnes lors d’évènements grand public !

Chacun des Civam locaux a pu présenter ses actions phares qui s’articulent autour de :

- La construction de filières locales

- Le soutien aux éleveurs bovins

- La diversification des cultures

- La sensibilisation aux changements climatiques et donc l’accompagnement au changement de pratiques

- L’organisation de ciné-débats

- La visite de fermes et des tours de plaines

- L’accompagnement à l’installation et la transmission

- L’organisation de formations

Le réseau régional, lui, a un rôle de coordinateur, de mise en commun des bonnes pratiques des différents groupes, de représentation auprès des institutions régionales (Conseil régional, Draaf, etc.) pour négocier les subventions mais aussi porter la voix d’une agriculture durable. Cet échelon régional permet notamment de pouvoir répondre à des appels à projets régionaux et nationaux en lien avec des partenaires, tels que la Fédération régionale des Cumas de Nouvelle-Aquitaine, le réseau InPact, etc.

Pour 2025, les acteurs du Réseau Civam Nouvelle-Aquitaine se sont fixé pour objectif de poursuivre la mutualisation des ressources : recherches de financements, portage de certifications/labellisations, organisme de formation, soutien administratif, etc.

 

Faire d’InPact un véritable allié régional

Le réseau InPact (Initiative pour une agriculture citoyenne et territoriale) quant à lui fédère 13 structures qui regroupent 5 907 adhérents. Une 14e rejoint le réseau : Alterfixe 47 qui accompagne les porteurs de projets dans leur installation en agriculture. Le rôle que s’est fixé ce réseau est multiple : mettre en lien ses adhérents, mettre en valeur les actions des structures adhérentes, rechercher des financements, représentation et plaidoyer auprès des instances politiques et étatiques.

Ce réseau regroupe notamment d’autres réseaux régionaux tels que le Réseau Civam Nouvelle-Aquitaine, l’Ardear, Terre de Liens, etc. Si une coordination entre ces réseaux est nécessaire, InPact se cherche encore un rôle solide sans faire doublon avec les autres réseaux régionaux. En 2024, le réseau a d’ailleurs bénéficié du Dispositif local d’accompagnement (DLA) qui lui a permis de faire un diagnostic de sa structuration en vue d’améliorer son fonctionnement et valoriser son positionnement. InPACT a également accompagné ses structures adhérentes dans l’organisation d’événements à destination des paysannes et paysans, mais aussi du grand public, tels que des conférences, ciné-débats, ateliers, formations, etc.

Les coûts cachés de l’alimentation

La journée des AG s’est conclue par la présentation de l’étude sur les coûts cachés de l’alimentation menée par Réseau Civam, Solidarité Paysans, le Secours catholique et la Fédération française des diabétiques avec le BASIC.

L’objectif est simple : ne plus se satisfaire des constats accablants tels que 8 millions de Français en insécurité alimentaire, une augmentation de 160 % du nombre de diabétiques en 20 ans, 18 % d’agriculteurs qui vivent sous le seuil de pauvreté, une perte de 30 % des oiseaux des champs en 15 ans... Les quatre associations ont donc cherché à comprendre le « vrai coût » de notre alimentation, à identifier les marges de manœuvre financières pour sortir de la seule approche du « consomm’acteur » et changer de modèle.

Grâce au BASIC, l’analyse s’est basée sur les coûts des impacts négatifs de notre système alimentaire en France et sur l’ensemble des soutiens publics aux acteurs de ce système.

Le résultat est sans appel. Le montant des coûts des impacts négatifs de notre système alimentaire s’élève à 19 milliards d’euros, dont 3,4 d’impacts sociaux, 3,4 d’impacts environnementaux et 12,3 d’impacts sanitaires. Et ce montant n’inclut pas toutes les conséquences négatives non quantifiables ou pour lesquelles il manque des données telles que la dégradation des sols liée à l’agriculture, les maladies liées à l’expositions aux pesticides dans l’alimentation et dans l’eau, la perte de biodiversité, la dégradation de la santé mentale, la perte de sens du métier de paysan, etc.

En contrepartie, les soutiens financiers publics s’élèvent, eux, à 48 milliards d’euros. Plus de 28 sont portés par l’État, notamment en exonérations sociales et fiscales. 10 milliards d’euros sont financés par l’Union européenne dont 9 via la PAC. Et enfin, 9 milliards sont apportés par les collectivités territoriales notamment à travers la restauration collective.

L’étude révèle que seuls 30% de ces soutiens bénéficient directement au maillon agricole et que ce sont la transformation, la distribution et la restauration qui bénéficient majoritairement des exonérations sociales et fiscales. Et pour finir, seuls 6 % des soutiens publics sont orientés vers des modèles agricoles rémunérateurs et respectueux de l’environnement. La majorité des financements publics sont des « dépenses aveugles peu ou pas conditionnées à des pratiques sociales ou écologiques » vertueuses.

Les associations porteuses de l’étude estiment que les marges de manœuvre pour réorienter notre modèle sont nombreuses et que l’enjeu principal se trouve dans la « démocratisation du système alimentaire ». C’est-à-dire que producteurs et consommateurs se saisissent de leur alimentation et, de fait, de leur agriculture pour faire valoir notre « droit à l’alimentation » et tendre vers un modèle rémunérateur pour les producteurs, accessible pour les consommateurs et vertueux pour notre santé et l’environnement. Les réseaux alternatifs, tels que les Civam ou InPact, jouent d’ores et déjà un rôle crucial dans ce domaine puisqu’ils participent à l’installation de nouveaux paysans sur des modèles d’agriculture familiale et paysanne, ils accompagnent les paysans dans le changement de pratiques et la création de filières locales et ils contribuent à des réflexions et des expérimentations sur la Sécurité sociale de l’alimentation.

 

Pour en savoir plus sur l’étude, mais aussi sur les solutions concrètes pour bâtir un nouveau système alimentaire, c’est ici : www.secours-catholique.org/sites/default/files/03-Documents/RAP-CoutCache2024BD.pdf